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29 juillet 2008

Les obstacles à l'apprentissage en EPS.

 

Je me suis rendu compte dans ma pratique d'enseignant que ce qui est le plus efficace lorsqu'un élève est bloqué, c'est, en passant un peu de temps avec lui,

- de lui redémontrer ce qui est à acquérir,

- de lui donner une ou deux informations simples, basées sur des repères ou sensations,

- et de le guider dans un premier temps sur l'action à effectuer ( en « manipulant » l'élève pour qu'il « ressente » la coordination / l'action à effectuer),

- puis en le faisant répéter un grand nombre de fois en vérifiant régulièrement que l'action est toujours bien effectuée.

On pourrait parler de technicisme à ce moment là,

mais pour moi le technicisme, c'est la volonté de montrer le geste « idéal » « du « pro » et de le faire acquérir par répétition.

Ma démarche consiste à adapter des actions pour être efficace face à un problème donné (qui n'est pas du tout un problème pour le pro).

Pour moi, ce passage est obligatoire quand il y a blocage-.

L'enseignant montre sa connaissance de l'activité dans ces moments là :

il peut connaître les comportements à acquérir dans l'absolu, dans l'idéal, mais sans connaître les obstacles et les principes ( repères, actions) qui permettent de les dépasser.

Lorsque c'est le cas, cela est très gênant car nous enseignons plutôt en EPS à des gens « débutants » ou « débrouillés », qui se trouvent donc face à des obstacles.

Je propose ci-après une catégorisation des principes qui permettent de répondre aux différents obstacles.

J'ai identifié dans ma pratique d'enseignant plusieurs catégories de « principes » qu' on peut appeler les « déterminants de l'efficacité motrice ».

Les principes que je présente ci-après sont « valables » dans une situation où l'élève est en projet d'apprentissage, avec des conditions matérielles « acceptables ».

1 – La vitesse et le dosage de la course d'élan ( quand il y en a une).

Une mauvaise gestion de l'énergie d'une course d'élan entraîne souvent une vitesse excessive, et donc une imprécision des appuis au sol, d'où une inefficacité ensuite.

Exemples :

En Badminton

Course avant trop rapide lors d' une frappe basse sur volant court .

L'élève arrive trop vite sur le volant, et celui-ci se trouve au niveau de son ventre, donc difficile à frapper efficacement .

Expliquer le principe de « distance optimale » entre joueur et objet à frapper , puis faire répéter sur une situation de remédiation.

En gymnastique

Vitesse excessive lors d'un enchaînement course- saut sur mini trampoline :

la forte vitesse ( horizontale) « envoie » le pratiquant vers l'avant, qui a une action vers le haut très faible, il fait plutôt un « saut en longueur ».

Expliquer le principe de « vitesse optimale » pour engager une action en étant équilibré , puis faire répéter sur une situation de remédiation.

2 – L'amplitude de « l'armé » du geste à exécuter = mise en tension de la chaîne musculaire concernée .

Afin d'être efficace dans une action motrice , il faut rechercher une efficacité musculaire ; le régime de contraction le plus efficace est la pliométrie .

La pliométrie peut-être expliquée ainsi :

C'est une mise en tension des muscles dans un premier temps par étirement des muscles concernés ( « chaîne musculaire concernée), suivie immédiatement d'une contraction concentrique pour éxécuter le geste voulu, dans le sens voulu.

Cette action peut être comparée à un effet élastique : on tire dans un sens pour utiliser la force retour naturelle en aide au mouvement recherché.

Ainsi, le plus naturellement du monde, quand on cherche à sauter haut, on commence par fléchir les jambes pour avoir cet effet retour qui permet de fournir un effort moindre et sauter plus haut.

A un niveau débutant-débrouillé,

la phase de « mise en tension » ou « d'armé » est souvent réduite voire inexistante .

Exemple en badminton :

La frappe doit être rapide pour être efficace car le volant ne « rebondit » pas sur le tamis comme une balle de tennis ou de tennis de table :

l'énergie de la frappe vient du frappeur.

Ce qu'on voit couramment chez les débutants, c'est une frappe style « tennis » : tout le bras agit en même temps, l'action part de l'épaule.

Le plus souvent, quand le volant est frappé, sa trajectoire est courte, car la vitesse du tamis à l'impact était faible .

► Expliquer le principe d' « élan/armé du membre frappeur  » pour « donner de la force » , puis faire répéter sur une situation de remédiation.




3 – L'équilibre au moment d'exécuter l'action


Quand on exécute une action, celle-ci a une direction.

Afin d'aider l'action musculaire, le poids (l'équilibre) doit être bien réparti :

il doit permettre des appuis efficaces ( car l'action a toujours besoin d'un « ancrage » au sol , pour « pousser » dans le sens de l'action ),



Exemple :


En badminton, lors d'une frappe sans déplacement, un débutant-débrouillé aura souvent tendance à « tomber en arrière » au moment de la frappe (le déséquilibre après la frappe provoque un pas en arrière), provoquant une force inverse à la frappe.

Or l'action ( la frappe ) va vers l'avant. Pour aider la frappe, le déséquilibre « final » devrait donc se faire vers l'avant.


► Expliquer le principe d' « équilibre en action et de poussée  » pour « donner de la force par le poids » dans le sens de l'action souhaitée , puis faire répéter sur une situation de remédiation.



4 – Le dosage de l'énergie transmise dans l'action musculaire : Contraction - Relâchement de la chaîne musculaire concernée pour maîtriser ou donner de la vitesse.


Quand on exécute une action musculaire, celle-ci donnera une énergie plus importante si celle-ci est faite rapidement.

Par contre, une action musculaire lente favorisera la « maîtrise » de l'action exécutée.


Plus le niveau d'expertise est grand, plus la vitesse d'exécution est grande.


Selon l'activité, la nécessité d'être « plutôt contracté » ou « plutôt relâché » peut être totalement opposée.


Exemples :


En tennis de table, les élèves débutants auront tendance à faire un geste vif (assez décontracté) du poignet,

résultat : la balle va vite et rarement sur la table ( pas de maîtrise ).


Le geste pour pouvoir « maîtriser » et échanger en tennis de table à un niveau débutant - débrouillé doit être lent et doit utiliser l'ensemble du bras, compact.

A un niveau plus élevé, la souplesse du poignet réapparaîtra pour accélérer la balle et gêner l'adversaire.



Au contraire en badminton,

les frappes sont courtes car le geste du débutant est un geste assez lent, contracté et partant de l'épaule.

Afin de frapper « fort » le volant, il faut une vitesse suffisante , qu'on peut atteindre en exécutant un geste souple, assez rapide et partant du poignet.


Dans ces 2 activités, afin de limiter les trajectoires trop tendues, inhibitrices de l'apprentissage, le « truc pédagogique » que j'utilise est « l'interdiction de la frappe descendante ».


► Expliquer le principe de « dosage d'énergie » par la « contraction » pour « maîtriser » ou le « relâchement - souplesse » pour« donner de la vitesse » , puis faire répéter sur une situation de remédiation.

5 – Repères internes ou externes ( visuels, proprioceptifs, ...)

Souvent, l'action à exécuter n'est pas efficace car l'élève n'a pas identifié les repères ( repères visuels, proprioceptifs, lieu d'impact ou d'engagement de l'action...) qui soient les plus pertinents pour permettre l'efficacité ; il n'a pas « mentalisé » le(s) bon(s) repéres.

Exemples :

En gymnastique sur une « pirouette » ( rotation longitudinale ) :

Le débutant aura tendance à tourner avec les pieds (parfois même en les fléchissant), ou les hanches, alors que la rotation doit partir du haut du corps (tête-épaule).

En escalade,

le débutant-débrouillé se centrera sur l'action de ses mains, qu'il voit, alors qu'il faut qu'il se centre sur la pose des pieds, et oriente différemment son regard.

Donner le repère sur lequel se concentrer , puis faire répéter sur une situation de remédiation.

6 – Capacités physiques / poids inadapté.

Certains élèves sont handicapés par leur morphologie, et notamment par un surpoids conséquent.

Certaines situations peuvent être impossible pour eux, il faudra orienter l'élève vers une tâche différente.

7 – Reformulation nécessaire de l'objectif.

Parfois il arrive que l'élève n'ait pas compris la consigne, il suffit donc de reformuler l'objectif et les consignes, et de redémontrer.

Les 7 principes que j'ai énoncés ci-dessus permettent d'expliquer les échecs les plus courants pour un niveau débutant, débrouillé, et même confirmé quand la coordination n'est pas totalement stabilisée.

Ils permettent d'aider l'élève à « sortir de la maladresse », ce qui devrait être notre 1er objectif de professeur d'éducation physique en présence d'élèves débutants – débrouillés.

A un niveau confirmé – expert, il y a peu de maladresses, et donc les « conseils pour être efficaces » deviennent moins importants pour faire évoluer les pratiquants.

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